Revue de presse
Arrestation à Kabul, 21 février - 19 mars 1997

Libération
Lundi 24 février 1997
Afghanistan: deux Français détenus par les taliban
Des contacts étaient en cours, hier, entre un diplomate français et les taliban pour faire libérer deux collaborateurs français de l'organisation humanitaire Action contre la faim (ACF), détenus depuis samedi. Frédéric M. et José Jose-Daniel LLorente ainsi que quatre Afghans membres de l'ACF ont été arrêtés à l'extérieur de locaux de l'ONU, à Kaboul.

Libération
Mardi 25 février 1997
"Actes immoraux", selon les talibans
La milice intégriste des taliban a accusé hier deux collaborateurs français de l'organisation humanitaire Action contre la faim (ACF), détenus depuis samedi, d'avoir commis des "actes immoraux" et violé les principes de l'islam. Frédéric M. et José-Jose-Daniel LLorente avaient organisé un déjeuner en l'honneur des collaboratrices afghanes d'ACF.

Libération
Mercredi 26 février 1997
Les foudres des taliban sur des humanitaires Un dîner de femmes se tenait à l'ACF. Deux Français, accusés d'avoir été dans le bâtiment, ont été écroués.
Le mouvement fondamentaliste des taliban, qui accable de plus en plus de ses rigueurs la population de Kaboul, s'en est pris pour la première fois ouvertement à une organisation humanitaire française, en faisant emprisonner deux de ses membres. Frédéric M., 26 ans, et Jose-Daniel LLorente, 31 ans, l'un et l'autre logisticiens à Action contre la faim (ACF), ont été arrêtés samedi, alors qu'ils se trouvaient dans l'enceinte de la résidence des Nations unies. Ils se trouvent actuellement détenus à la prison Sedarat, dans le centre de Kaboul.
Hier, le chargé d'affaires français Didier Leroy a pu leur rendre visite pendant quinze minutes et a fait savoir qu'ils "sont relativement bien traités". Ce qui leur est reproché, selon le ministre de l'Information et de la Culture, le mollah Amir Khan Mutaqi, c'est "d'avoir commis certains actes immoraux dans les bâtiments de l'association". Par "actes immoraux", les nouvelles autorités de Kaboul entendent que les deux expatriés français se trouvaient à l'intérieur de la résidence de l'ACF au moment où avait lieu un repas en l'honneur de 50 femmes afghanes, collaboratrices de l'organisation.
Pendant ce déjeuner, organisé à l'occasion du départ de deux nutritionnistes expatriées, des taliban armés avaient fait irruption. Ils avaient ordonné aux femmes présentes de quitter les lieux, entrepris une fouille systématique de la résidence et saisis des objets personnels de l'équipe. Depuis, quatre collaborateurs afghans de l'ONG ont également été arrêtés, mais on ignore où ils sont détenus.
"Nous n'avons enfreint aucune règle en vigueur. Aucun homme n'était présent dans le bâtiment où se déroulait ce déjeuner. En plus, nous avions obtenu des taliban l'autorisation d'organiser ce repas. D'ailleurs, nous respectons tous les décrets qu'il ont établis", déclare depuis Paris Nathalie Duhamel, directrice générale de Action contre la faim.
Après l'irruption des miliciens fondamentalistes, les deux logisticiens français s'étaient réfugiés au siège des Nations unies, ce qui n'a pas empêché leur arrestation dès le lendemain. Hier, l'ONU a lancé un avertissement aux taliban. "Si ces deux personnes ne sont pas libérées, l'image internationale des taliban risque de souffrir davantage", a déclaré Fred Eckhard, le porte-parole du secrétaire général de l'organisation. Aucun pays, y compris le Pakistan, qui les finance et les soutient, n'a encore reconnu le nouveau régime afghan, au pouvoir depuis le 27 septembre 1996.
Derrière l'arrestation des deux expatriés se dessine la volonté des autorités de mettre sous leur joug les associations humanitaires installées à Kaboul. Celles-ci, ainsi que quelques rares institutions médicales afghanes, ont encore la possibilité d'employer des femmes, ce qui est formellement interdit dans les autres services publics. Certains dirigeants sont d'ailleurs hostiles à cette présence des femmes dans la vie active.
Dernièrement, les taliban ont pris une quinzaine de mesures destinées à accentuer encore l'emprise de la loi islamique sur la société afghane. Malheur aux hommes rasés ou à la barbe insuffisamment fournie, qui sont désormais passibles de prison jusqu'à ce que leur pilosité soit jugée islamique. Malheur aussi aux tailleurs, qui seront arrêtés et leurs boutiques fermées s'ils exposent des vêtements féminins ou prennent les mesures sur un corps de femme. Malheur encore aux femmes qui font la lessive dans les cours d'eau, ce qui est désormais répréhensible.

Le Monde
Deux Français soupçonnés de violations de la loi islamique par les talibans
28.02.97
KABOUL. Deux Français, membres de l'organisation humanitaire Action contre la faim (ACF), arrêtés par les talibans, font l'objet d'une enquête pour violations de la loi islamique, a déclaré mercredi 26 février Maulavi Jalilullah Maulawizada, « ministre de la justice » à Kaboul. Les talibans reprochent à Frédéric M. et Jose Jose-Daniel LLorente de s'être trouvés dans la résidence de l'organisation à Kaboul, au moment où avait lieu dans ces locaux un déjeuner en l'honneur de trois collaboratrices expatriées d'ACF, en présence d'une soixantaine de femmes afghanes. Les lois édictées par les talibans concernant les femmes sont très strictes tant sur le plan vestimentaire que pour ce qui est de la fréquentation des milieux étrangers. (AFP.)

Le Monde
Paris demande la libération de deux Français arrêtés à Kaboul
1 Mars 1997
Extrait : « AVEC L'ARRESTATION de deux citoyens français innocents, nous nous trouvons face à un grave problème », a déclaré, jeudi 27 février, le chargé d'affaires français à Kaboul, Didier Leroy. Deux membres du personnel d'Action contre la faim (ACF), Frédéric M. et José Jose-Daniel LLorente, ont été arrêtés, samedi à Kaboul, pour violations de la charia, la loi islamique. « Nous avons entrepris des démarches pour obtenir leur libération immédiate », a ajouté M. Leroy.

Libération
AFGHANISTAN : Le sort des deux Français de l'ACF
02.03.97
Un porte-parole des talibans, au pouvoir à Kaboul, a assuré, vendredi 28 février, aux organisations humanitaires occidentales qu'aucun mal ne sera fait aux deux Français d'Action contre la faim (ACF) emprisonnés, depuis le 22 février, dans la capitale afghane. Les deux Français, Frédéric M. et José Jose-Daniel LLorente, ont été accusés de « crime moral » après avoir assisté à un déjeuner en présence d'une soixantaine de femmes afghanes. Le responsable du ministère de la justice des talibans avait affirmé, mercredi, que les deux détenus devaient être traités selon les principes de la charia, la loi islamique. (AFP.)

Libération
Lundi 3 mars 1997
Prison pour deux Français à Kaboul
Dix jours après leur arrestation, l'incertitude demeure toujours quant au sort que comptent réserver les taliban à deux logisticiens français, Frédéric M. et José Jose-Daniel LLorente, âgés respectivement de 26 et 31 ans.
Membres de l'organisation humanitaire Action contre la Faim (ACF), les deux hommes ont été arrêtés, samedi 22 février, dans l'enceinte du bâtiment des Nations unies où ils avaient trouvé refuge, par la milice fondamentaliste. Celle-ci leur reprochait de s'être trouvés la veille dans le bâtiment qui héberge leur organisation à Kaboul au moment où avait lieu un déjeuner en l'honneur de trois collaboratrices expatriées d'ACF, en présence d'une cinquantaine de femmes afghanes (lire Libération du 26 février). Les deux hommes font l'objet d'une enquête pour violation de la loi islamique.
Dans la capitale afghane, les organisations humanitaires craignent que les autorités veuillent "faire un exemple" avec les deux expatriés français. Toutefois, le vice-ministre des Affaires étrangères du régime des taliban, Sher Mohammed Abbas Stanekzai, a tenu vendredi un discours rassurant: "Le ministère (...) fera de son mieux pour que ces deux personnes sortent du tribunal avec leur honneur et leur dignité préservés. Leur cas est une petite affaire, pas un si grand problème." Il a ajouté que les taliban n'allaient pas interrompre l'application du programme d'ACF à Kaboul, grâce auquel les enfants victimes de malnutrition reçoivent des rations alimentaires. Les premiers propos de certains responsables afghans avaient été beaucoup plus menaçants. Ainsi, le ministre de la Culture et de l'Information, Amir Khan Mutaqi, les avait accusés d'avoir commis des "actes immoraux".
L'inquiétude demeure très vive au siège parisien de l'organisation. "Nous ne savons toujours pas à quoi nous en tenir et nous ne voyons aucune évolution. Nous savons simplement qu'ils ne sont pas maltraités et qu'ils peuvent recevoir quelques visites. Nous sommes aussi terriblement inquiets pour quatre de nos collaborateurs afghans, arrêtés en même temps, et dont on est absolument sans nouvelles", indique Nathalie Duhamel, la directrice générale d'ACF
Tour à tour, le ministère français des Affaires étrangères et les Nations unies sont intervenus pour obtenir leur libération. A Kaboul, l'arrestation des deux logisticiens a poussé plusieurs ONG à organiser le rapatriement des femmes opérant sur place .

Libération
Jeudi 13 mars 1997
Afghanistan: Paris intervient auprès des talibans
Paris demande que les deux Français détenus par la milice islamiste au pouvoir à Kaboul soient libérés "sans procès", a indiqué hier le Quai d'Orsay. Frédéric M. et José Jose-Daniel LLorente, membres de l'Action contre la faim, ont été arrêtés le 22 février après un déjeuner organisé dans les locaux de l'organisation humanitaire auquel avaient participé des Afghanes.

Libération
Jeudi 20 mars 1997
Deux Francais libérés à Kaboul.
Les taliban ont expulsé les 2 humanitaires détenus depuis un mois.
Les deux logisticiens français, arrêtés par l'ordre militaro-religieux des taliban et emprisonnés depuis près d'un mois, ont été libérés hier et expulsés de Kaboul à l'issue d'une audience de la Cour suprême d'Afghanistan. Condamnés à un mois de prison, Frédéric M., 26 ans, et José Jose-Daniel LLorente, 31 ans, membres de l'organisation humanitaire Action contre la faim (ACF), se sont vus dispensés d'accomplir la totalité de leur peine. Ils étaient accusés d'avoir commis des "actes immoraux" pour s'être trouvés à l'intérieur de la résidence de l'ACF à Kaboul au moment où se déroulait un repas en l'honneur de 50 femmes afghanes, membres de l'organisation, qui ne portaient pas alors le voile obligatoire. Cinq employés afghans, présents dans la résidence, avaient également été arrêtés. Condamnés à une peine d'un mois et demi de prison, ils n'ont pas été libérés et devront également subir une peine de flagellation - entre 15 et 29 coups de fouet. "Nous nous inquiétons beaucoup pour eux, d'abord pour le cuisinier d'ACF, qui est un vieil homme. En plus, ces cinq hommes n'ont absolument rien à se reprocher puisqu'ils ne sont en rien responsables de l'organisation de ce repas", indique depuis Paris Nathalie Duhamel, directrice générale d'ACF.
Selon elle, c'est l'addition des pressions exercées par les Nations unies, dont le représentant pour l'Afghanistan avait rendu visite aux deux Français détenus, et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), qui a convaincu les taliban de faire preuve de "clémence". Paris, par l'intermédiaire de son chargé d'affaires, avait aussi demandé aux miliciens fondamentalistes la libération des deux logisticiens. Le rôle de l'OCI, qui rassemble les pays musulmans du monde entier et est largement sous l'influence de l'Arabie Saoudite (principal soutien financier des taliban), semble avoir été déterminant. Les deux humanitaires français ont d'ailleurs quitté Kaboul avec une délégation de cette organisation.
Cette libération intervient alors que les taliban aggravent jour après jour les restrictions à l'égard des ONG travaillant à Kaboul. L'une des dernières mesures prises oblige désormais théoriquement les humanitaires - ainsi que les journalistes de passage - à séjourner dans un grand hôtel de Kaboul..

Le Monde
Les intégristes afghans ont libéré deux Français emprisonnés à Kaboul depuis près d'un mois
21 Mars 1997
Extrait : Les talibans persistent dans leur croisade pour « éradiquer le mal » Dans le monde des talibans, il n'y a presque plus que des interdits . Deux Français, membres d'Action contre la faim (ACF), ont été relâchés, mercredi 19 mars, après avoir passé vingt-six jours dans une prison de Kaboul. Les deux hommes étaient accusés d'avoir participé à un déjeuner en compagnie de femmes afghanes. Expulsés au Pakistan, ils ont déclaré avoir été bien traités par les talibans. Paris a remercié l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et « des pays amis » pour leur aide.

Libération
Mardi 8 avril 1997
Les taliban libèrent des employés d'Action contre la faim
Cinq employés afghans de l'organisation humanitaire française Action contre la faim (ACF) ont été libérés hier par la milice islamiste des taliban après quarante-cinq jours de prison et une séance de flagellation. Comme deux Français, Frédéric M. et José Jose-Daniel LLorente, libérés le 19 mars, ils étaient accusés de "s'être mêlés à des femmes à moitié nues", lors d'un repas de travail. La nudité désignant, dans la terminologie des taliban, celles qui ne portent pas le tchadri recouvrant le corps de la tête aux pieds.
Radio-Charia a également annoncé hier l'arrestation de six Afghans coupables de s'être rasés la barbe et de trois Afghanes jugées "pas assez couvertes". Ces opérations, visant à promouvoir le respect de la charia (la loi islamique), sont menées par les patrouilles mobiles du ministère pour l'Encouragement de la vertu et de l'Eradication du vice.

José Bideguain (ACF président), André Santini (Maire d'Issy les Moulineaux), moi, maman et papa
Mars 1997, cocktail de ma liberation par la mairie d'Issy les Moulineaux

 

 

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